LA VILLA KÉRYLOS

Reconstruction d’une maison de la Grèce antique

 

La Villa Kérylos constitue l'exemple le plus remarquable de reconstitution d'une demeure de la Grèce Antique.

Nulle part dans le monde, et pas même en Grèce, on ne peut trouver un musée aussi évocateur de l'existence quotidienne des anciens Hellènes, un témoignage aussi vivant de leur époque.

Pour construire cet édifice, Théodore Reinach, à qui nous le devons, avait fait appel à un architecte aussi fervent que lui de l'antiquité grecque, Emmanuel Pontrémoli. Membre de l'Académie des Beaux-Arts, celui-ci était à l'Institut le confrère de Théodore Reinach qui appartenait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

Grand Prix de Rome, Pontrémoli avait montré un intérêt actif pour les relevés de monuments anciens que la tradition imposait aux pensionnaires de la Villa Médicis et auxquels nombre d'entre eux se résignaient sans enthousiasme.

Il s'y était livré notamment en Asie Mineure : à Pergame, en vue de la restau ration de l'acropole, à Didyme, près de Milet, où il mit au point une restitution du grand temple d'Apollon.

Théodore Reinach n'aurait pu trouver homme de l'art plus apte à réaliser son rêve que cet architecte qui était aussi un érudit.

Il lui eût été difficile de choisir un lieu aussi merveilleusement adapté à son projet : une presqu'île rocheuse entre la baie des Fourmis et la baie de Beaulieu, au pied des falaises méditerranéennes qui la dominent ; un véritable paysage de la Grèce. « On pourrait croire que l'édifice a toujours été là depuis l'époque où les colons pho céens venaient de prendre pied sur la Côte d'Azur. »

Cette imposante construction attire de très loin le regard et se remarque tout d'abord par ses terrasses, garnies de pergolas, qui s'élèvent comme en gradins, la plus haute, tel le sommet d'une tour carrée, marquant l'angle de deux corps de bâtiments disposés en équerre.

Le décor intérieur et l'ameublement donnent, par leur exactitude scrupuleuse, une image de la Grèce antique aussi saisissante que l'aspect extérieur. Le souci du détail dans le mobilier, les étoffes, les fresques, les mosaïques, comme « l'harmonie de l'architecture et du site, l'union des pierres et de la mer, traduisent la fervente admi ration de Théodore Reinach pour ces grands découvreurs de la beauté et de la perfection que furent les Grecs ».

Tous les matériaux ont été choisis parmi les plus nobles, pierres de taille, marbre, porphyre, bois rares, ivoire, bronze... Théodore Reinach ne voulut rien épargner pour atteindre à la perfection.

Mais il ne se contenta pas d'édifier et de meubler une véritable demeure du siècle de Périclès ; dans son admiration pour les anciens Grecs, il alla jusqu'à s'identifier à eux : à Kérylos, il vivait comme ils auraient pu le faire, suivant leurs coutumes dans tous les actes de la vie quotidienne. Sitôt arrivé à la Villa, où il faisait de fréquents et longs séjours, il revêtait la chlamyde et les amis qu'il invitait devaient suivre son exemple.

Qui était donc ce personnage si original ?

Un érudit, un historien complet qui tenait de ses études savantes son amour passionné de l'hellénisme. Car il était tout à la fois numismate, philologue, épigra phiste, archéologue, musicographe ; en quelque domaine que ce soit, il se signale par des découvertes très importantes ; possédant à fond toutes ces techniques, il combine les données qu'elles lui fournissent et celles que lui offre son immense érudition. Ainsi est-il admirablement armé pour traiter avec une sûre maîtrise les grands problèmes de l'histoire générale, celle des événements et celle des civilisations.

De son étude minutieuse des monnaies d'Asie Mineure naissent deux ouvrages de synthèse : un tableau des royaumes de Cappadoce, de Bithynie et du Pont à l'épo que hellénistique et un portrait du célèbre Mithridate ; le recueil de ses articles de numismatique, l'Histoire des Monnaies, illustre ses méthodes ; l'examen minutieux de ces vieilles pièces lui fait découvrir des phénomènes de civilisation. En archéologie, ses commentaires sur les sarcophages lyciens trouvés en 1892 jettent une lumière nouvelle sur un important chapitre de l'histoire de l'art.

Philologue, mais aussi écrivain d'un goût très sûr, il traduit les textes qu'il analyse, entre autres la Constitution d'Athènes, célèbre traité d'Aristote que l'on croyait perdu et qu'il retrouve sur un papyrus. L'exemple le plus caractéristique de la manière dont ce savant utilise ses connaissances et ses dons multiples est sans doute son œuvre de musicographe. Pianiste, compositeur à ses heures, et seul érudit connais sant, pour l'avoir découverte lui-même, la notation musicale grecque, il identifie, dans une inscription de Delphes qui pose une énigme aux épigraphistes, un hymne à Apollon il le transcrit en caractères musicaux contemporains et le fait jouer dans une harmoni sation de Gabriel Fauré.

Tels sont quelques aspects d'un labeur immense, poursuivi jusqu'à son dernier jour.

Le monument qu'il a légué à l'Institut de France est comme le couronnement de ses travaux d'helléniste en même temps que le témoignage durable d'une œuvre à laquelle il s'est totalement identifié. Les amoureux de la Grèce doivent lui en être reconnaissants.

VISITE DE LA VILLA KÉRYLOS

Située dans un paysage qui rappelle étonnamment la Grèce, cette Villa, unique au monde, est l'exacte reconstitution d'une demeure grecque antique. Elle porte le nom poétique de "Kérylos" qui signifie "alcyon", hirondelle de mer, oiseau de bon présage.

Durant de nombreuses années, l'architecte Emmanuel Pontrémoli a préparé cette construction qui fut édifiée entre 1902 et 1908. La Villa a été réalisée avec des matériaux nobles, purs, bruts, tels que pierre, marbre, bois, ivoire, bronze (il n'y a pas de métaux légers et modernes) et verre soufflé. Seules les vitres aux fenêtres n'existaient pas sous cette forme dans l'Antiquité puisque les Anciens n'utilisaient pas le verre en surface lisse mais adaptaient aux ouvertures des parchemins ou des papyrus huilés. Sinon, tout, dans les moindres détails, a été conçu d'après des documents authentiques.

Cependant, à la fidélité historique, Théodore Reinach et Emmanuel Pontrémoli avaient su allier certains éléments du confort moderne en les dissimulant soigneusement.

Comme toute maison méditerranéenne, celle-ci est construite autour d'une cour à ciel ouvert, entourée d'un péristyle : le "patio" d'Espagne, l’"atrium" des Romains.

Ce type de Villa, à plusieurs étages, avec fenêtres sur la mer - destinées, pour les armateurs qui habitaient la Côte, à guetter l'arriver de leurs navires - correspond à un palais de Délos, ou des Cyclades, par opposition aux demeures athéniennes, de plain-pied et dépourvues d'ouvertures sur l'extérieur.

L'entrée : Thyroreion

Une haute porte de bois peinte en rouge s'ouvre sur l'entrée ou Thyroreion.

Au sol, une mosaïque du IIe siècle av. J.-C., provenant de l'île de Chypre, symbolise la famille dans laquelle le visiteur est accueilli.

L'inscription de bienvenue "XAIPE" correspond au "SALVE" latin, "Réjouis-toi " "porte -toi bien".

Une table gréco-égyptienne est surmontée d'un serpent en bronze, génie protecteur, symbole de la santé.

Les murs, revêtus de fresques à l'encaustique, représentent d'un côté la paix, de l'autre la guerre.

Le plafond à caissons, en bois de teck, est décoré de rosaces dorées, de fleurs de lotus, d'étoiles, de palmettes.

Un "proauleion" ou "avant-cour" prolonge ce vestibule.

Devant un moulage de la statue de Sophocle se détache, au centre de la mosaïque, un dauphin enroulé sur une ancre, motif emprunté à la maison du Trident à Délos.

Le péristyle

Délimité par douze colonnes monolithes de marbre blanc, le péristyle se déroule autour d'une cour intérieure carrée. Les murs sont décorés de fresques à la détrempe réalisées sur poudre de marbre à la manière antique : les motifs représentés sont empruntés à la décoration des poteries grecques de l'époque classique.

Ces fresques représentent des scènes mythologiques dans lesquelles Apollon est à l'honneur.

Le laurier rose, arbre d'Apollon, dieu des arts et de la musique, a été planté lors de la construction de la Villa.

Sur un mur situé au couchant, un cadran solaire permet de lire l'heure l'après-midi, tandis que sur la façade Est, une autre horloge solaire donne les heures du matin ; ainsi peut-on lire : « J'ai placé ici ce cadran où sont marquées les douze divisions du parcours du soleil, six du côté du levant, six du côté du zéphyr (couchant), afin que chacun, sur le mur visible de loin, voie quelle est pour lui l'heure du travail et celle du repos. »

Dans le mur Ouest, deux niches contiennent les bustes d'Homère et d'Hippocrate.

Des suspensions en albâtre et en verre opaliné, montées sur des bronzes, diffusent, le soir venu, une lumière tamisée.

Amphithyros

Dans ce vestibule, une vasque de marbre blanc surmontée d'une gargouille à tête de lion permet de se purifier, dès l'entrée dans la maison, avant de revêtir la chlamyde.

En face, et juste avant d'accéder à la Bibliothèque, est placée une grande statue d'Athéna, déesse de la pensée et de la sagesse. C'est la reproduction d'une œuvre de Phidias.

 

La bibliothèque

Dans les maisons bien conçues, cette pièce était toujours orientée à l'Est, pour deux raisons principales : faciliter le travail du matin et protéger les papyrus contre le soleil couchant.

Le mobilier en bois fruitier, chevillé et marqueté d'ivoire, de buis et d'ébène, paraît très moderne.

Les palais antiques possédaient aussi :

- des sièges tendus ou tressés de cuir - certains sont gréco-romains, d'autres sont d'inspiration égyptienne ;

- des coffres cloutés, d'autres plus simples, et des tables, le plus souvent à trois pieds assurant un équilibre parfait ;

- des pupitres assez hauts, les anciens Grecs travaillant debout ; en cela comme en toutes choses, Théodore Reinach se conformait strictement à leurs habitudes.

 

Cet helléniste qui allait aux sources, déchiffrant les papyrus, scrutant à la loupe les monnaies, ne négligeait aucun des travaux publiés, même fort anciens, même dépassés, sur l'objet de ses études : toute une partie de la bibliothèque est remplie de volumes du XVIIe, du XVIIIe et du XIXe siècles, consacrés à l'histoire et à la civilisation grecques.

Dans les autres vitrines, ainsi que sur les coffres, sont présentés environ deux cents objets de collections, originaux, datés du VIIe au 1er siècle av. J.-C., objets de fouilles, tels que vases, lécythes (vases cylindriques munis d'une anse), tanagras (statuettes en terre cuite, simples et gracieuses, faites à Tanagra), lampes à huile, fibules. Deux amphores romaines permettaient de conserver l'huile ou le vin.

Amphores corinthiennes (IVe s. av. J.-C.)

Verres soufflés et peints (VIe s. av. J.-C.)

Tanagra (IIIe s. av. J.-C.) et deux Rytons (IVe s. av. J.-C.)

 

Un très grand lustre s'apparente à ceux que l'on peut voir à la Mosquée Bleue ou à Sainte-Sophie, à Constantinople. Les godets en verre soufflé étaient dans l'Antiquité des lampes à huile. Sur les murs, de chaque côté de la pièce, Théodore Reinach a mentionné en deux vers grecs : « C'est ici qu'en compagnie des orateurs, des savants et des poètes grecs, je me ménage une retraite paisible dans l'immortelle beauté. »

Le triklinos

Dans cette salle à manger, de forme octogonale, le plafond en bois est décoré à la feuille d'or sur fond bleu.

Au sol, la mosaïque forme en son centre une superbe rosace polychrome.

Par ailleurs, si les Romains prenaient leurs repas allongés, la coutume existait déjà chez les Grecs. Aussi Théodore Reinach et ses invités, au début du XXe siècle, après s'être puri fiés et avoir revêtu la chlamyde, se faisaient-ils servir sur des tables placées contre des lits tendus de cuir et couverts de coussins.

La vaisselle fut réalisée spécialement pour la Villa "Kérylos", comme les poteries grecques, avec les mêmes terres et les mêmes oxydes pour obtenir les mêmes couleurs. Elle comporte des assiettes, plats, bols, pichets, etc. On utilisait le verre soufflé pour des ustensiles comme les gobelets et les carafes, et, dans certains palais, on connaissait l'existence de couverts en argent.

Dans cette demeure sont reproduits et réunis les objets que le maître de maison avait voulu les plus raffinés de toute la civilisation grecque.

Notons que, dans l'Antiquité, les femmes et les hommes étaient séparés pour les repas ; ainsi le prouve le nom caractéristique du salon contigu à cette pièce : l’andron (de andros : homme).

Les femmes et les enfants vivaient surtout au gynécée.

Sur les consoles sont placés, d'une part un faune dansant dont l'original était à Pompéi, de l'autre un faune portant une outre.

Deux guéridons supportent respectivement des statues en bronze de Narcisse et d'Apollon.

Dans le haut des murs, une frise représente des silènes faisant la cueillette de fruits.

La décoration de cette pièce est complétée par quatre tableaux mobiles, peints à l'encaustique, en sanguine, sur poussière de marbre.

L’andron

Andros en grec signifie l'homme ; donc, seuls les messieurs se réunissaient dans cette pièce.

Les murs sont revêtus d'un marbre mauve de Serravezza.

Des médaillons de marbre jaune, de Sienne, ornent également les murs de ce salon. Les mêmes carrières existent en Grèce et en Italie ; il était donc plus facile d'importer ces marbres du pays le plus proche.

Comme dans toutes les pièces, le plafond à caissons en bois de teck est richement décoré.

La mosaïque au sol forme un véritable tapis recouvrant toute la pièce et au centre duquel on remarque un labyrinthe où Thésée lutte contre le Minotaure, épisode célèbre de la mythologie crétoise.

Un trône gréco-égyptien permettait au maître de maison de présider et de diriger la conversation.

Chaises, tabourets, lits de repos sont toujours tendus de cuir.

Sur une table carrée, un grand rafraîchissoir en argent reproduit un vase d'un trésor romain.

Au fond du salon, entre deux ouvertures vers l'Oïkos, est placé l'autel "au dieu inconnu", en marbre de Carrare. Platon avait annoncé qu'un dieu viendrait sauver le monde et les Grecs avaient préparé cet autel pour celui qu'ils attendaient ; puis saint Paul a proclamé la venue de Jésus-Christ.

Sur une tablette est posée une tête d'enfant en marbre datant du 1er siècle.

L'oikos

Ce petit salon, dédié à Dionysos, est très gai. Le nom de ce dieu de la vigne et du vin se lit au-dessus de la porte-fenêtre par laquelle on peut admirer un paysage qui rappelle les rivages du golfe de Corinthe.

La mosaïque montre des vendanges faites par des silènes, faunes et satyres, tandis qu'est représentée en haut des murs la vie de Dionysos, par un travail en stuc, très fin, autour de la pièce.

Réalisées par Gasq, les reproductions des masques du théâtre de Pergame nous rappellent la place que le théâtre tenait dans la vie des Grecs : tragédie, comé die, tragi-comédie. Les acteurs portaient des masques symbolisant des personnages : le texte n'était pas illustré par les expressions du visage.

Le mobilier, toujours chevillé d'ivoire ou de buis, en bois de citronnier, se compose de tables, chaises, lits de repos et coffres. Un meuble à deux battants dissi mule un piano. Surprise pour le visiteur : il ne peut soupçonner la présence d'un instrument évidemment inconnu au siècle de Périclès. Pas d'anachronisme visible! Théodore Reinach a tout de même tenu à y mettre l'empreinte de sa passion exclu sive : ce piano est un "Pleyelos"...

Cet érudit aimait en jouer. C'est sur ce clavier qu'il interprétait l'hymne à Apollon dont il avait déchiffré les signes, découvrant qu'il s'agissait de notes de musique, au cours d'un séjour à Delphes en 1893 : il fit harmoniser ce morceau par son ami Gabriel Fauré.

Dans cette pièce se trouvent un aiguière étrusque datant de six siècles avant notre ère, ainsi qu'une partie de stèle funéraire du 1er siècle.

Premier étage

L'escalier par lequel on accède au premier et au second étage est fait de marches en marbre blanc.

Dans une niche du vestibule, un buste de l'Hermès de Dionysos est juché sur un pilier ; l'original se trouve au Musée du Bardo, à Tunis.

Dans l'Antiquité, ce genre de statues servaient de bornes le long des routes, à intervalles réguliers.

Un lustre circulaire, en terre cuite, permet d'éclairer le soir cet accès aux chambres.

Devant la fenêtre, une vasque sur pied, en marbre blanc, accueille une plante d'ornement.

Ornitès : les oiseaux

Cette chambre, dédiée à Héra, déesse de la féminité et de la fécondité, est ornée de paons et de cygnes peints sur les murs et brodés sur les tissus.

La pièce, exposée au midi, fait partie des appartements de Mme Théodore Reinach. De la porte-fenêtre, on peut à nouveau admirer le paysage qui ressemble tant à celui des Cyclades.

Un grand lit conçu à l'origine avec des peaux d'animaux tendues sur des montants de bois, agrémenté de coussins, procurait tout le confort souhaité. Des ten tures l'entourent et forment ainsi une alcôve. Dans un angle de la pièce, une chaise  longue est tendue de lanières de cuir. Plusieurs coffres en bois fruitiers, très clairs, permettent de ranger les vêtements. Un lustre en albâtre diffuse la lumière au plafond.

Contiguë à cette chambre, une douche assez profonde permet d'obtenir de l'eau en pluie, mais aussi en jets horizontaux, avec eau chaude et froide pour les deux systèmes. Des réservoirs sur les toits alimentent également la salle de bains voisine. La baignoire est taillée dans un bloc de marbre de Carrare. Les lavabos, robinets et porte-éponges sont en argent. La décoration murale en stuc représente des scènes de toilette féminine.

Le triptolème

Cette pièce réunit les appartements du maître de maison à ceux de son épouse.

Le plafond à caissons, le plus beau de la demeure, est décoré de colombes et de couronnes de lierre dorées. Des éléments ornementaux de la table à plateau argenté répondent à ceux de la magnifique mosaïque du sol. Celle-ci représente la distribution des premiers grains de blé dans le monde, par Triptolème.

Dans une autre salle de bains, au-dessus de la baignoire, de superbes robi nets à cols de cygnes et têtes de dauphins ornent le mur. Afin d'éviter tout ana chronisme, un miroir moderne est habilement dissimulé dans l'épaisseur de la porte.

Erotès : les amours

La chambre de Théodore Reinach bénéficie de trois expositions : au midi, au couchant et au nord. Deux colonnes en bois délimitent l'emplacement du lit, celui-ci fidèlement reproduit d'après un original que l'on peut voir au Musée archéo logique de Naples.

Un pupitre très haut, comme ceux de la bibliothèque, porte une photogra phie du fondateur. Une très belle mosaïque représente Dionysos sur sa trière, venant de transformer les voiles en vignes et les pirates en dauphins. Comme dans la chambre de la maîtresse de maison, la suspension est en albâtre.

La visite de la Villa se termine par la pièce la plus extraordinaire de la mai son : "le balanéion".

A la fin de la journée, les Grecs avaient coutume de se retrouver, en famille ou entre amis, pour un bain collectif. Il ne s'agissait pas là de faire sa toilette, mais de se détendre et de faire la conversation en fin de journée.

Kérylos est avant tout une maison méditerranéenne dont les principales pièces d'habitation - bibliothèque, salle à manger, salons - sont distribués au rez- de-chaussée, tandis que les chambres, salles de bains et salon de repos se trouvent au premier étage.

Naïadès

Un palais comme "Kérylos" se devait d'avoir ses thermes privés (les gens du commun se rendaient aux bains publics).

Le bain de forme octogonale est en fait l'ancêtre du baptistère. La grille centrale permet l'arrivée et l'écoulement de l'eau chaude ou froide. On pouvait également se rafraîchir le visage et les mains séparément dans une grande vasque monolithe de marbre blanc, l'eau arrivant par une gargouille à tête de lion.

Le deuxième étage a été aménagé en logement de fonction, tandis que dans les sous-sols, la cuisine a été transformée par Gabriel Ollivier, qui fut conservateur de 1967 à 1981, en salon d'exposition de l'artisanat grec et la cave en salle de conférences.

Théodore Reinach et l'architecte Emmanuel Pontrémoli voyagèrent de nombreuses années en Grèce, Grande Grèce et Moyen-Orient, afin de réunir suffisamment de documents pour ne pas risquer de commettre d'erreurs.

Ils s'adressèrent aux meilleurs spécialistes et artistes du début du XXe siècle pour mener à bien cette étonnante et unique réalisation. Karbowsky et Jaulmes exécutèrent à l'antique les fresques du péristyle et la décoration murale de la Villa ; Gasq moula les stucs, Lenoble réalisa les poteries et les pièces de vaisselle ; Nicoli choisit les marbres et les mit en œuvre avec une perfection antique ; Bettenfield construisit les meubles en collaboration avec Pontrémoli et c'est Yung qui conçut l'éclairage discret et original de la Villa.

Par son testament, Théodore Reinach, mort en 1928, léguait la nue-propriété de ce domaine à l'Institut de France, en réservant l'usufruit à ses quatre fils.

Le 1er mars 1967, en vertu d'une convention passée entre les deux usu fruitiers vivants du donateur et l'Institut, celui-ci en a acquis la pleine propriété.

En dépit de son caractère de reconstitution, mais parce qu'exceptionnelle ment réussie et d'une parfaite exactitude, la Villa grecque de Beaulieu-sur-Mer a été classée monument historique en 1967.

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